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− | {{Bi}}Dans Théorie d’ensemble, Philippe Sollers critique les catégories dites théologiques du sujet, du sens, de la vérité, etc., et propose contre l’image d’un texte plein et figé, clos sur la sacralisation de sa forme et de son unicité, l’hypothèse – empruntée au critique soviétique Mikhaïl Bakhtine – de l’intertextualité : « Tout texte se situe à la jonction de plusieurs textes dont il est à la fois la relecture, l’accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur. » Dans le même ouvrage (« Problème de la structuration du texte »), Julia Kristeva utilise l’exemple du roman médiéval Jehan de Saintré pour préciser ce qu’il faut entendre par intertextualité : une « interaction textuelle qui se produit à l’intérieur d’un seul texte » et qui permet de saisir « les différentes séquences (ou codes) d’une structure textuelle précise comme autant de transforms de séquences (de codes) prises à d’autres textes. Ainsi la structure du roman français du XV<sup>e</sup> siècle peut être considérée comme le résultat d’une transformation de plusieurs autres codes [...]. Pour le sujet connaissant, l’intertextualité est une notion qui sera l’indice de la façon dont un texte lit l’histoire et s’insère en elle ». Kristeva, qui était partie d’une analyse transformationnelle (empruntée à Chomsky et à Šaumjan), se voit contrainte d’ajouter l’hypothèse de l’intertextualité pour atteindre le « social » et l’« historique » qui restent inaccessibles dans le dispositif produit par la dichotomie signifiant/signifié, transformation du signifiant/immuabilité du signifié. La réfection méthodologique va consister à y substituer une « méthode transformationnelle » qui, moyennant l’adjonction du concept d’intertextualité, « mène donc à situer la structure littéraire dans l’ensemble social considéré comme un ensemble textuel ». Ainsi posée, l’intertextualité du Petit Jehan de Saintré se laisse définir comme l’interaction dans ce texte de quatre composantes intertextuelles : le texte de la scolastique (organisation du roman en chapitres et sous-chapitres, ton didactique, autoréférence à l’écriture, au manuscrit), le texte de la poésie courtoise (la Dame « centre divinisé d’une société homosexuelle qui se renvoie son image à travers [...] la femme [...] la Vierge », érotique des troubadours), la littérature orale de la ville (cris publicitaires des marchands, enseignes, texte économique de l’époque) et, enfin, le discours du carnaval (calembour, quiproquo, rire, problématique du corps et du sexe, masque, etc.). Julia Kristeva conclut que cette connexion intertextuelle, qui change la signification de chacun de ces énoncés en les associant dans la structure du texte, peut être posée comme un « ensemble ambivalent » qui constitue une première approche de ce que pourrait être l’« unité discursive » de la Renaissance. En se dotant de la notion d’intertextualité, la méthode transformationnelle permet ainsi de dégager l’« idéologème » du texte, nom donné par Kristeva à cette fonction qui rattache une structure littéraire concrète (par exemple un roman) aux autres structures (par exemple le discours de la science).{{iC}} | + | {{Bi}}Dans </i>Théorie d’ensemble<i>, Philippe Sollers critique les catégories dites théologiques du sujet, du sens, de la vérité, etc., et propose contre l’image d’un texte plein et figé, clos sur la sacralisation de sa forme et de son unicité, l’hypothèse – empruntée au critique soviétique Mikhaïl Bakhtine – de l’intertextualité : « Tout texte se situe à la jonction de plusieurs textes dont il est à la fois la relecture, l’accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur. » Dans le même ouvrage (« Problème de la structuration du texte »), Julia Kristeva utilise l’exemple du roman médiéval Jehan de Saintré pour préciser ce qu’il faut entendre par intertextualité : une « interaction textuelle qui se produit à l’intérieur d’un seul texte » et qui permet de saisir « les différentes séquences (ou codes) d’une structure textuelle précise comme autant de transforms de séquences (de codes) prises à d’autres textes. Ainsi la structure du roman français du XV<sup>e</sup> siècle peut être considérée comme le résultat d’une transformation de plusieurs autres codes [...]. Pour le sujet connaissant, l’intertextualité est une notion qui sera l’indice de la façon dont un texte lit l’histoire et s’insère en elle ». Kristeva, qui était partie d’une analyse transformationnelle (empruntée à Chomsky et à Šaumjan), se voit contrainte d’ajouter l’hypothèse de l’intertextualité pour atteindre le « social » et l’« historique » qui restent inaccessibles dans le dispositif produit par la dichotomie signifiant/signifié, transformation du signifiant/immuabilité du signifié. La réfection méthodologique va consister à y substituer une « méthode transformationnelle » qui, moyennant l’adjonction du concept d’intertextualité, « mène donc à situer la structure littéraire dans l’ensemble social considéré comme un ensemble textuel ». Ainsi posée, l’intertextualité du Petit Jehan de Saintré se laisse définir comme l’interaction dans ce texte de quatre composantes intertextuelles : le texte de la scolastique (organisation du roman en chapitres et sous-chapitres, ton didactique, autoréférence à l’écriture, au manuscrit), le texte de la poésie courtoise (la Dame « centre divinisé d’une société homosexuelle qui se renvoie son image à travers [...] la femme [...] la Vierge », érotique des troubadours), la littérature orale de la ville (cris publicitaires des marchands, enseignes, texte économique de l’époque) et, enfin, le discours du carnaval (calembour, quiproquo, rire, problématique du corps et du sexe, masque, etc.). Julia Kristeva conclut que cette connexion intertextuelle, qui change la signification de chacun de ces énoncés en les associant dans la structure du texte, peut être posée comme un « ensemble ambivalent » qui constitue une première approche de ce que pourrait être l’« unité discursive » de la Renaissance. En se dotant de la notion d’intertextualité, la méthode transformationnelle permet ainsi de dégager l’« idéologème » du texte, nom donné par Kristeva à cette fonction qui rattache une structure littéraire concrète (par exemple un roman) aux autres structures (par exemple le discours de la science).{{iC}} |
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Version actuelle datée du 19 juin 2020 à 17:43
Collectif Tel Quel : Théorie d'ensemble (Seuil [Points], 1968)
Présentation
L'ouvrage ne figure plus sur le site de l'éditeur (recherche en date du 12 juin 2020)
L'article de Pierre-Marc de Biasi « Théorie de l'intertextualité » du dictionnaire des genres et notions littéraires d'Universalis le présente ainsi :
Dans Théorie d’ensemble, Philippe Sollers critique les catégories dites théologiques du sujet, du sens, de la vérité, etc., et propose contre l’image d’un texte plein et figé, clos sur la sacralisation de sa forme et de son unicité, l’hypothèse – empruntée au critique soviétique Mikhaïl Bakhtine – de l’intertextualité : « Tout texte se situe à la jonction de plusieurs textes dont il est à la fois la relecture, l’accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur. » Dans le même ouvrage (« Problème de la structuration du texte »), Julia Kristeva utilise l’exemple du roman médiéval Jehan de Saintré pour préciser ce qu’il faut entendre par intertextualité : une « interaction textuelle qui se produit à l’intérieur d’un seul texte » et qui permet de saisir « les différentes séquences (ou codes) d’une structure textuelle précise comme autant de transforms de séquences (de codes) prises à d’autres textes. Ainsi la structure du roman français du XVe siècle peut être considérée comme le résultat d’une transformation de plusieurs autres codes [...]. Pour le sujet connaissant, l’intertextualité est une notion qui sera l’indice de la façon dont un texte lit l’histoire et s’insère en elle ». Kristeva, qui était partie d’une analyse transformationnelle (empruntée à Chomsky et à Šaumjan), se voit contrainte d’ajouter l’hypothèse de l’intertextualité pour atteindre le « social » et l’« historique » qui restent inaccessibles dans le dispositif produit par la dichotomie signifiant/signifié, transformation du signifiant/immuabilité du signifié. La réfection méthodologique va consister à y substituer une « méthode transformationnelle » qui, moyennant l’adjonction du concept d’intertextualité, « mène donc à situer la structure littéraire dans l’ensemble social considéré comme un ensemble textuel ». Ainsi posée, l’intertextualité du Petit Jehan de Saintré se laisse définir comme l’interaction dans ce texte de quatre composantes intertextuelles : le texte de la scolastique (organisation du roman en chapitres et sous-chapitres, ton didactique, autoréférence à l’écriture, au manuscrit), le texte de la poésie courtoise (la Dame « centre divinisé d’une société homosexuelle qui se renvoie son image à travers [...] la femme [...] la Vierge », érotique des troubadours), la littérature orale de la ville (cris publicitaires des marchands, enseignes, texte économique de l’époque) et, enfin, le discours du carnaval (calembour, quiproquo, rire, problématique du corps et du sexe, masque, etc.). Julia Kristeva conclut que cette connexion intertextuelle, qui change la signification de chacun de ces énoncés en les associant dans la structure du texte, peut être posée comme un « ensemble ambivalent » qui constitue une première approche de ce que pourrait être l’« unité discursive » de la Renaissance. En se dotant de la notion d’intertextualité, la méthode transformationnelle permet ainsi de dégager l’« idéologème » du texte, nom donné par Kristeva à cette fonction qui rattache une structure littéraire concrète (par exemple un roman) aux autres structures (par exemple le discours de la science).