Doc:Création : Lectures 2 : Différence entre versions

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(Jane Campion)
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{{Bi}}Après avoir tourné <cite>Tissue</cite>, un film en super 8 apprécié par mes professeurs de l'université de Sidney, un déclic s'est produit. Alors qu'avant je me demandais ce que j'allais faire de ma vie. J'étais dans le brouillard. Je ne comprenais pas vraiment comment j'allais rendre ma vie intéressante à mes yeux. Quand j'ai découvert ça j'ai vraiment eu envie de continuer dans le cinéma. J'ai essayé d'intégrer le cinéma par tous les moyens.</i>. (p.?){{C}}
 
{{Bi}}Après avoir tourné <cite>Tissue</cite>, un film en super 8 apprécié par mes professeurs de l'université de Sidney, un déclic s'est produit. Alors qu'avant je me demandais ce que j'allais faire de ma vie. J'étais dans le brouillard. Je ne comprenais pas vraiment comment j'allais rendre ma vie intéressante à mes yeux. Quand j'ai découvert ça j'ai vraiment eu envie de continuer dans le cinéma. J'ai essayé d'intégrer le cinéma par tous les moyens.</i>. (p.?){{C}}
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« Vous ne parleriez pas de films de borgnes ou de culs-de-jatte.
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Ça m'exaspère qu'on parle de <i>films de femmes</i>, comme si c'était une tare. »
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Diane Kurys in <cite>Femmes cinéastes en France : l'après-mai 68</cite>. B. Rollet, Clio n°10, 1999.
  
 
== Camille Claudel ==
 
== Camille Claudel ==

Version du 21 décembre 2019 à 14:52

Dany:Priv

Deuxième partie 
Des artistes notoires s'expriment sur la création et l'imagination

Jane Campion

Mes films sont des réactions à l'obsession de la société pour la normalité, sa propension à exclure les déviants. (journal Le Monde, 2010)

Michel Ciment : Jane Campion par Jane Campion (Cahiers du cinéma, 2014)

L’idée d’un film peut me venir d’une image qui ne sera pas forcément dans le film, d’une énergie, d’un besoin très très fort. Lorsque vous multipliez les interviews, vous comprenez tout ce que vous avez pu faire. Quelquefois ça devient évident, ça fait partie du voyage. Les choses ne sont pas toujours conscientes et parfois, c'est un peu embarrassant que tout le monde voie les choses de manière claire, alors que vous, vous ne les voyez qu’après. Finalement, on découvre tout ça petit à petit. (p.?)
Un homme, certes, aurait pu mettre en scène cette histoire In the cut parce qu'il aurait pu imaginer ce qu'une femme ressent, mais moi, je le sais. Être une femme me donne confiance pour explorer des zones intimes. (p.?)
Si ma famille avait vraiment été bizarre, je pense qu'il m'aurait été difficile de raconter des histoires sur ce qui va mal dans la cellule familiale. (p.?)
La Leçon de Piano correspondait à une période de bonheur conjugal (je venais d'épouser Colin Englert). Par contre, Portrait de femme fait suite au délitement de mon mariage et à la mort en bas âge de Jasper mon fils (auquel le film est dédié).. (p.?)
Mon intérêt tout particulier pour les arts ?... littérature dans Un ange à ma table, musique dans La leçon de piano, poésie dans Bright star, poésie sur les murs du métro dans In the cut. (p.?)
Je n'aime pas expliciter ... Toute explication détruit pour moi l'essence dramatique d'une histoire, mais évidemment le danger est que le spectateur ne comprenne plus très bien ce qui se passe. C'est au cinéaste de trouver une solution. (p.?)
Je ne désire pas seulement regarder les comportements mais découvrir les pensées et les émotions, comme dans certains romans de Marguerite Duras ou de Flannery O'Connor. (p.?)
Le scénario de Sweetie m'a été inspiré par des gens, des événements que j'ai connus. Je procède toujours ainsi, cela me donne plus d'autorité pour écrire, et même si je m'éloigne ensuite de ces expériences, j'ai toujours une base vers laquelle revenir. (p.?)
Après avoir tourné Tissue, un film en super 8 apprécié par mes professeurs de l'université de Sidney, un déclic s'est produit. Alors qu'avant je me demandais ce que j'allais faire de ma vie. J'étais dans le brouillard. Je ne comprenais pas vraiment comment j'allais rendre ma vie intéressante à mes yeux. Quand j'ai découvert ça j'ai vraiment eu envie de continuer dans le cinéma. J'ai essayé d'intégrer le cinéma par tous les moyens.. (p.?)
« Vous ne parleriez pas de films de borgnes ou de culs-de-jatte. 
Ça m'exaspère qu'on parle de films de femmes, comme si c'était une tare. » 
Diane Kurys in Femmes cinéastes en France : l'après-mai 68. B. Rollet, Clio n°10, 1999.

Camille Claudel

Anne Delbée : Une femme :

N'atténuez jamais la laideur, l'avachissement de la vieillesse. Si vous arrangez la nature, si vous la gazez, la déguisez, vous créez de la laideur parce que vous avez peur de la vérité. (Rodin à Camille, p.123)
Se marier. Une femme. C'est la première fois qu'elle entend ça. Une femme ! Et la sculpture ? À elles deux, elles les terrasseront, ces hommes qui ne se marient pas toujours. Non ? (p.47)
Est-ce que la nature finit ? Est-ce qu'on fignole les arbres ? .... Je ne ferai plus rien d'entier... (p.318)
Mon grand désir, mon idéal est de mettre dans les formes que je tire de la pâte, une idée ! L'idée ne suffit pas; je veux l'habiller de pourpre et la couronner d'or (p.?)

Renée Flemming

Renée Fleming : Une voix (Fayard [Musique], 2004)

J'ai finalement accepté l'idée qu'il fallait dix minutes pour expliquer comment chanter et dix ans pour y parvenir.. (p.?)
chaque professeur me faisait avancer avec différentes explications du même concept. Souvent je comprenais grâce à mes propres expériences, mais le hasard seul m'y conduisait aussi parfois. L'apprentissage du chant ne se développe presque jamais le long d'une ligne droite ; avant d'avoir parcouru la totalité du chemin,il est rare qu'on y voie plus clair qu'en plein brouillard... (p.?)
Tandis que je luttais contre mes peurs, il ne me vint jamais à l'esprit , pas même une fois d'abandonner. [...] le noyau de la philosophie de ma mère disait : que l'on joue dans une pièce de théâtre, que l'on prenne une leçon de piano ou que l'on possède un cheval, tout est possible, mais il est hors de question d'abandonner... (p.?)
Enseigner la créativité aux enfants est tout aussi important que d'enseigner n'importe quelle autre matière scolaire, puisqu'elle nourrit l'âme (p.?)
Lorsque j'étais jeune, la musique me permettait de donner une voix à des émotions que je pouvais nommer; aujourd'hui elle donne à ma voix le pouvoir unique et mystérieux de parler à autrui. (p.?)

Nancy Huston

Nancy Huston : Journal de la création (Actes Sud [Babel], 2001)

elle n'aura pas le droit, l'autorisation, l'autorité de rejeter les hommes réels pour épouser son art, pour la bonne raison qu'elle peut produire de la vraie vie. Que - contrairement à l'homme qui est "sans enfants" - elle connaît la lourde et plate, la banale et sanglante vérité de la création : elle accouche. Elle fait du vrai vivant. comment parvenir dès lors à se leurrer, au point de croire que le faux est vrai, que l'inanimé est animé, que l'esprit produit le corps ? (p.?)
Changer en joies présentes les douleurs passées est sans doute une des meilleures définitions qu'on puisse donner de l'activité littéraire en tant que telle... (p.?)

Frida Kahlo

J'ai commencé à peindre... par ennui, car j'étais alitée depuis un an suite à un accident au cours duquel je m'étais fracturé l'épine dorsale, un pied et d'autres os. J'avais seize ans à l'époque et j'étais pleine d'enthousiasme à l'idée de faire des études de médecine. Mais tout s'est arrêté dans le choc entre un bus de Coyoacán et un tramway de Tlalpan...

(FK par FK)

La peinture a rempli ma vie. J’ai perdu trois enfants et une autre série de choses qui auraient pu remplir mon horrible vie. Tout cela a été remplacé par la peinture. Je crois qu’il n’y a rien de mieux que le travail. (p. 306, Frida Kahlo, citée en exergue du chapitre 47, “L’Attachement”).

autoportrait

un journaliste poussa la grossièreté jusqu’à dire que ma peinture était plutôt de l’obstétrique… Il ne sait pas ce qu’est une femme, ignore ce que l’art implique comme douleur, cachée ou avouée, et l’a peut-être confondu avec une plaisanterie décorative.

autoportrait

Il faut que le tableau vous regarde autant que vous le regardez.

On oublie souvent de rappeler qu’il y a, de surcroît, dans l’histoire de la peinture, peu de portraitistes. De vrais, il s’entend. De gens qui, peignant un visage, vous montrent violemment ce qu’il y a derrière.

autoportrait

« Ma peinture porte en elle le message de la douleur, chaque touche de pinceau est une trace de souffrance » -

autoportrait
1' 30

Virginia Woolf

Virginia Woolf : Art du roman (Points [Signatures], 2009) - - première édition : 1919

Mais toutes les déductions que nous pourrions tirer en comparant deux arts romanesques si infiniment distincts sont vaines, sauf quand elles nous submergent sous le flot des innombrables possibilités de l'art ; quand elles nous rappellent que l'horizon est sans limite et que rien, ni "méthode" ni expérimentation, même de ce qu'il y a de plus extravagant, n'est interdit, mais seulement l'insincérité et le faux-semblant. (p.?)


Virginia Woolf : Virginia Woolf : Journal intégral 1915-1941 (Stock [La cosmopolite], 2008) - - première édition : 1979

Et voilà qu'aujourd'hui, le poids qui me pesait sur le crâne m'a été brusquement enlevé.

Je suis capable de penser, de raisonner, de suivre une idée et de me concentrer.

Peut-être est-ce le début d'un nouveau jaillissement.

Peut-être le dois-je à ma conversation avec L. hier soir.

J'essayais d'analyser ma dépression d'expliquer comment mon cerveau est harcelé par ce conflit intérieur entre deux types de pensée :

la pensée critique et la pensée CREATRICE,

et combien je suis épuisée par la lutte, les heurts, l'incertitude extérieurs à moi.

Ce matin, je me sens la tête fraîche et tranquille
(p.950)
Mais la seule vie qui soit passionnante est la vie imaginaire. Dès que les rouages commencent à tourner dans ma tête, je n'ai presque plus besoin d'argent, ni de robes, ni même d'un buffet, d'un lit ou d'un canapé. (p.716)
Quelle vit doit-on mener ? La vie que l'on aime.

j'aime écrire, j'aime le changement, j'aime lancer mon esprit dans les hauteurs

et attendre de voir où il va retomber.
(p.933)
A la réflexion, il me semble que ce qui compte dans l'écriture, c'est de trouver le rythme. Si demain je trouvais le bon rythme, la césure de ma phrase au bon moment, j'écrirais d'un trait. Il ne s'agit pas seulement du style, du mot juste mais d'une certaine façon de faire s'élever la pensée qui est en vous ... (p.561)
Rien ne me plaît que mon aptitude à vibrer. Si je n'étais pas si malheureuse, je ne pourrais pas être heureuse (p.867)
si j'avais épousé Lytton, je n'aurais jamais rien écrit.

Il vous freine et vous inhibe d'une manière on ne peut plus curieuse. L. peut se montrer sévure, mais il vous STIMULE. Tout est possible avec lui.

Lytton était tendre et triste comme une feuille d'automne
(p.798)
Oui, il est bien vrai que coucher quelque chose par écrit, c'est s'en débarrasser. (p.794)
toute la nuit dernière, j'ai rêvé à Katherine Mansfield et je me demande ce que sont les rêves ; ils suscitent tellement plus d'émotion que ne le fait la pensée (p.722)
le pont du Gard sous le soleil, les Baux et pendant tout cela, croissait en moi sans cesse une telle envie de mots qu'une feuille de papier, une plume, de l'encre en vinrent à me paraître des objets extraordinairement désirables ; j'aurais même accueilli le grattement de la plume avec un soulagement quasi divin. (p.?)