Bib:Nouveaux chemins de l’imaginaire musical

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Karol Beffa : Nouveaux chemins de l’imaginaire musical (Collège de France, 2016)

Sommaire

Présentation de l'éditeur

Approcher la musique par des chemins de traverse : Karol Beffa propose de déplacer les termes du débat esthétique autour de la musique dans le monde contemporain en ouvrant la réflexion à d’autres disciplines, à d’autres pratiques, à d’autres regards, des mathématiques au théâtre ou au cinéma. Pour mieux cerner la musique, il est nécessaire de la penser en relation et de l’affranchir d’une conception, inaugurée par le romantisme allemand, qui l’absolutise et par là même tend à l’isoler. Les questions de la création, de la perception, de la vraisemblance ou de la représentation sont revisitées, ainsi que celle des évolutions de la musique depuis un siècle. Contre un « postmodernisme » qui se voudrait subversion de la modernité (au sens des Lumières) et se traduirait en esthétique par le rejet de la tonalité et du figuratif, on est invité à penser une forme de « postmodernité » entendue comme refus du modernisme des avant-gardes et de leur idéal de rupture radicale par rapport au passé. Ce « postmodernisme » entend emprunter librement à la tradition (harmonie, thématisme, pulsation), mais aussi à d’autres univers culturels, sans souci de hiérarchie. Compositeur, pianiste et musicologue, Karol Beffa a occupé la chaire annuelle de Création artistique au Collège de France en 2012-2013. L’ouvrage est issu du séminaire donné dans ce cadre.

Karol Beffa

Karol Beffa est compositeur et maître de conférences à l’École normale supérieure. En 2012-2013, il est titulaire de la chaire annuelle de Création artistique au Collège de France.

D’où nous viennent les idées et comment évoluent-elles ? La créativité en mathématiques et en musique par KB et Cédric Villani

Le premier rapport qu’il m’a semblé nécessaire d’interroger à nouveaux frais concerne le lien fondamental, établi dès l’Antiquité, entre la musique et les mathématiques. Je n’ai pas souhaité poser de façon frontale et abstraite la question des relations entre ces deux disciplines, mais plutôt proposer une analyse comparative des chemins de la création dans ces deux domaines, notamment autour des notions d’intuition et d’images mentales dans les sciences et dans les arts. Pour ce faire, j’ai eu la chance de pouvoir engager un dialogue avec le mathématicien Cédric Villani.
Extrait de la préface de karol Beffa

L’expérience musicale : sons et événements par Francis Wolff

Le deuxième chapitre, confié à Francis Wolff, philosophe, analyse les rapports de la musique et de la pensée, posés, cette fois, du point de vue de l’auditeur, en interrogeant la perception de la musique dans sa relation au modèle causal. Francis Wolff part d’une définition naïve de la musique comme « art des sons » et décide de s’interroger sur ce que sont les sons plutôt que de se perdre dans les marécages de la question « Qu’est-ce que l’art ? ».
Extrait de la préface de karol Beffa

L’expérience sonore

Du monde de l’expérience sonore au monde de l’expérience musicale

De la sémantique musicale

Le geste du pianiste au jeu de la vraisemblance : performance musicale et illusion audio-visuelle dans le film de fiction par Michel Gribenski

La troisième étude, proposée par le musicologue Michel Gribenski, analyse également un effet de causalité entre la musique et la représentation, par le truchement des scènes de performance musicale dans les films de fiction, moments cruciaux de mise en jeu de la vraisemblance de la représentation – et de risque de son invraisemblance.

[...]

La vraisemblance des scènes musicales filmées est donc un défi codé et ludique, mené de concert par le réalisateur, l’acteur et le spectateur.
Extrait de la préface de karol Beffa

L’idéal mimétique du geste parfait : imitations audio-visuelles

Logiques de substitution dans les scènes de performance musicale

Théâtre : un lieu où l’on entend. Vers une histoire acoustique de la scène moderne (XIXe-XXIe siècles) par Marie-Madeleine Mervant-Roux

La quatrième contribution, prolonge le questionnement sur les relations entre la musique et les images qu’elle véhicule, en abordant cette fois le problème tel qu’il se pose non plus à l’écran mais sur scène. Dans ce chapitre consacré au dialogue entre musique et théâtre, Marie-Madeleine Mervant-Roux présente une réflexion originale sur le son au théâtre, véritable « lettre volée » d’études dramatiques trop souvent polarisées sur la question du « spectacle » – que non seulement l’étymologie, mais l’histoire même de la modernité scénique mettent au premier plan – au détriment des enjeux, pourtant centraux, de l’acoustique.
Extrait de la préface de karol Beffa

L’hégémonie de la vision

Un nouvel espace auditif

Un lieu phonique

Ce qu’il advient de la musique quand Tannhäuser devient un peintre par Bernard Sève

Les rapports de la musique à l’imaginaire sont abordés par Bernard Sève, spécialiste de la philosophie de l’art, qui appuie sa réflexion sur un cas particulier, la mise en scène de Tannhäuser de Wagner par Robert Carsen, dont l’idée essentielle est de faire de Tannhäuser un peintre. Dans cette interprétation, tous les Minnesinger sont des peintres et le concours de chant devient un concours de peinture. Il s’agit d’analyser de façon objective et pour ainsi dire scientifique les effets artistiques et ontologiques d’un tel choix de mise en scène. Pour ne prendre qu’un exemple : si les Minnesinger sont des chanteurs, comme le livret le veut, alors leurs propositions artistique lors du concours (leurs chants) sont présentés à la fois, dans le drame, aux personnages de l’opéra, et, hors du drame, aux spectateurs assis dans la salle de l’Opéra ; mais dans la mise en scène de Carsen, les propositions artistiques (leurs peintures) ne sont présentées qu’aux personnages de l’opéra, et non aux spectateurs qui ne voient que le revers de la toile. Ce cinquième chapitre analyse et développe la portée esthétique et philosophique de ce renversement de perspective.
Extrait de la préface de karol Beffa

Musique et imposture : Nietzsche et Wagner par Guillaume Métayer

La violente polémique de Nietzsche contre Wagner et son « portrait de l’artiste en histrion » – dont Guillaume Métayer retrace la logique et les enjeux relativement au rôle de « médecin de la civilisation » que Nietzsche assigne au philosophe – s’attachent à la même problématique des liaisons « dangereuses » entre musique et image. Cette polémique musicale ne s’applique pas seulement à la fin du xixe siècle mais, par sa critique du sensationnel, de l’émotionnel et, singulièrement, du spectaculaire, elle préfigure les interrogations du xxe siècle, notamment celles de l’École de Francfort sur le pouvoir stupéfiant de l’image. La valeur des textes examinés réside peut-être moins dans leur critique de l’idée d’« œuvre d’art totale » (Gesamtkunstwerk) que dans le diagnostic anticipé qu’ils posent sur les dangers de la servitude esthétique de la musique au spectacle.

Comment je dénonce l’imposture

Wagner ou le vacarme du serpent

L’imposture et la maladie

Le théâtre du déclin

Des images de la satire aux métaphores du corps

La nature de l’amour

Siegfried-Tartuffe

Le cabot meurtrier

En guise de conclusion

Musique : évolution, révolution par Jérôme Ducros

Le septième chapitre donne la parole à un praticien de la musique. Jérôme Ducros, pianiste et compositeur, pointe du doigt le divorce entre une certaine musique contemporaine et le public, dans un geste qui, tout en rappelant les polémiques de l’histoire de la musique, offre aussi une réflexion sur les rapports entre la musique et une représentation qui lui est foncièrement étrangère, à savoir le schème de notre conception de l’histoire comme développement linéaire assignant a priori une place dans le temps collectif à certaines formes esthétiques.
Extrait de la préface de karol Beffa

Éducation, ou l’histoire de la musique racontée aux enfants

Esquisse d’une contre-histoire de la musique

Moderne contre moderne

Reculer pour mieux sauter

Qu’est-ce que la musique « contemporaine » ?

Opposition formelle et opposition fondamentale

Tout va bien se passer

Y a-t-il un postmodernisme musical ? par Karol Beffa

L’ouvrage se clôt par un chapitre dans lequel je tente de caractériser le postmodernisme en musique. En philosophie, en littérature et dans les sciences humaines, le terme recouvre une nébuleuse d’idées assez mal définies qui tendent à privilégier la subjectivité aux dépens de l’existence d’une vérité objective. Dans la forme la plus extrême prise par ce mouvement, certains « intellectuels postmodernes » sont allés jusqu’à soutenir que la réalité physique (et non nos théories sur celle-ci) serait une construction linguistique et sociale. À rebours de cette conception, j’essaie de montrer qu’en musique le terme est moins ambigu qu’il n’y paraît : si l’on écarte l’acception d’« hyper-modernisme » (prêtant à confusion), il semble qu’on puisse définir le postmodernisme musical par un scepticisme à l’égard de l’idée de progrès en art, un refus de se plier au canon de la nouveauté à tout prix et par l’intention de se situer dans le prolongement d’une tradition, sans opérer de tabula rasa.
Extrait de la préface de karol Beffa

Questions de terminologie

Quelques caractéristiques du postmodernisme

Quelques caractéristiques du postmodernisme en musique

Qu’est-ce qu’un compositeur postmoderne ?

Les « vrais » compositeurs postmodernes : la Musique nouvelle

La Neue Einfachheit

Aux marges du postmodernisme