Doc:Les vaisseaux du temps (SB) 4. La mer du Paléocène
Stephen Baxter : Vaisseaux du temps (Le Livre de Poche [SF], 2003) - - première édition : 1995
Paradis
Fuyant la guerre, le narrateur et son compagnon du futur lointain, Nebogipfel, chutent dans le temps jusqu'au Paléocène, vers cinquante millions d'années.
La vie y est très dure, surtout face aux blessures et à la maladie mais les deux hommes s'en sortent. Le narrateur dira :
- J'en avais fini avec la Pensée, décrétai-je ;
- [...]
- Il était temps que le cœur et le corps prissent la parole. Et plus les jours passaient, plus je me pénétrais de la grandeur du monde, de l'immensité du temps et de la petitesse de ma personne et de ses préoccupations devant le grandiose et multiple panorama de l'Histoire. Je n'avais plus d'importance, même à mes yeux ; et cette révélation fut comme une libération de mon âme.
Baxter prend ici le temps de penser à ce que générerait dans l'esprit de l'homme une telle aventure — aussi invraisemblable qu'effrayante : se retrouver ainsi, avec pour unique compagnon un être aussi peu humain, sachant qu'on finira ses jours ici sans voir personne, sans même l'espoir du Robinson qui attend de voir peut-être un jour passer un bateau ou qui finira par se construire un radeau.
Paradis perdu
Pourtant, l'inimaginable se produit. Des hommes arrivent de 1944 pour les sauver. Les sauver ? Vraiment ? Ils viennent là aussi dans le cadre d'une guerre transtemporelle contre les Allemands. Car, en dépit de toute raison, en 1944, cette guerre qui a affaibli les deux camps, continue, sans enjeux, sans intérêts. Le voyage dans le temps permet désormais d'anéantir la nation adversaire avant même sa création.
Naissance d'une nouvelle humanité
Une bombe (probablement radioactive mais le récit ne permettra pas d'en mesurer les conséquences sur le moyen terme) rend le retour vers le futur impossible et réduit les survivants à treize individus qui vont s'organiser, faire des enfants et donner naissance à une humanité déjà bien avancée dans ses connaissances, surtout avec Nebogipfel qui tente de leur enseigner la physique quantique.
Un an passe, pendant lequel Nebogipfel a construit une nouvelle machine à explorer le temps. Nos deux voyageurs transtemporels repartent et constatent en cours de route vers les siècles futurs que la petite communauté a réussi la construction d'une humanité très civilisée.
Paradoxes
Le double jeune du narrateur est mort en 1938. Le narrateur le regrette comme un fils mais il a bien compris désormais que la mort du jeune homme n'a de réalité que dans un monde parmi beaucoup (une infinité ?) d'autres. La preuve, c'est qu'il est là malgré cette mort prématurée. Par contre, les militaires ne semblent pas avoir assimilé cette notion puisqu'ils veulent anéantir l'ennemi avant sa naissance. Cependant, ils ont retrouvé nos deux naufragés du temps grâce à des fouilles qui ont mis à jour un de leurs crânes. Il y a donc bien une version de l'histoire où ils finissent leur vie dans ce lointain passé grâce à laquelle on peut les sauver dans une autre version.
Quelle logique suit le trajet de la machine ?
Les militaires partent d'un 1942 qui pourrait être celui de la continuité de la ligne temps du narrateur lors de son départ, ligne qui menait une première fois aux Morlocks sauvages, une deuxième aux Morlocks hyper-avancés sur le plan technologique.
La ligne de retour comporte une humanité très précoce dont nos visiteurs sont la cause, qu'ils n'ont nullement aperçue en arrivant dans ce lointain passé.