Doc:Les vaisseaux du temps (SB) 5. La Terre blanche

Stephen Baxter : Vaisseaux du temps (Le Livre de Poche [SF], 2003) - - première édition : 1995

SF dure

Retour à 1891 mais avec une humanité née il y a cinquante millions d'années, cette époque n'a plus rien à voir avec celle que le narrateur a quittée.

Le monde découvert n'a d'ailleurs plus grand chose à voir avec l'humanité. Ce qui va permettre à Baxter de revenir sur certaines des théories de notre monde en imaginant leur application.

Nanotechnologie

Nos explorateurs du temps sont guéris en arrivant dans cette époque très avancée par la régénération de chacune de leurs cellules. Ce qui est décrit par des picotements dans tout le corps (p. 479) puis expliqué plus loin :

Si l'on peut faire descendre l'ingénierie au niveau le plus fondamental de la matière [...], on peut tout faire. La preuve [...], c'est que, sans l'ingénierie moléculaire des Constructeurs, ni vous ni moi n'aurions survécu à notre première exposition à la Terre blanche. (p. 493)

Noosphère

Bien que Baxter n'emploie pas ce terme, il explique, par Nebogipfel interposé, comment

les Constructeurs universels étaient interconnectés, et comment ils se servaient de ces liaisons pour bavarder entre eux en permanence. De l'information — de la conscience et compréhension profonde — était émise en permanence par l'esprit mécanique de chaque Constructeur, et chacun recevait des nouvelles et des interprétations émanant de chacun de ses frères, même de ceux habitant les étoiles les plus lointaines. (p. 499-500)

--> Voir mon article Allons-nous vers une intelligence collective ?

Une voile-miroir

Une voile est accrochée à la Terre par des rayons lumineux :

le « vent » qui gonflait la voile était de la lumière : car des particules lumineuses tombant sur une surface réfléchissante produisent une force propulsive, tout comme les molécules d'air qui forment la brise (p. 507).

Le générateur de multiplicité

Dans ce chapitre 6 (p. 508-516) ne se trouve rien de moins que :

le principe de la multiplicité des Histoires (p. 509).

Le recours à la machine transtemporelle [...] a pour effet de causer des bifurcations plus étendues, d'engendrer de nouvelles Histoires... dont certaines sont impossibles sans l'intervention de la machine (p. 509).

Cela ne signifie pas, selon moi, que la machine génère des Histoires qui n'existeraient pas sans elle mais plutôt qu'elle fait partie intégrante de l'ensemble infini des Histoires possibles (envisagé p. 514), toutes « réelles » (comme il est dit p. 509). J'interprète ainsi que tout ce qui est possible est réel, avec ou sans conscience témoin.

Les paradoxes sont dépassés par un

principe de conservation qui fonctionne dans la dimension supérieure de la multiplicité des Histoires (p. 512).

Posthumain

Les premières générations de Constructeurs étaient, je crois, élaborées avec des contraintes anthropocentriques incorporés à leur conscience. Elles ont été créées pour servir l'homme. Mais ces Constructeurs n'étaient pas de simples dispositifs mécaniques : c'étaient des entités conscientes. Et lorsqu'elles se sont dispersées dans la galaxie et se sont modifiées en explorant des mondes insoupçonnés par l'homme, elles sont bientôt passées au-delà de l'entendement des humains et ont brisé les contraintes imposées par leurs créateurs... Ces machines se sont libérées. (p. 519)

Etant entendu que

pareille machine pourrait fabriquer n'importe quoi, [... même] des humains destinés à habiter [toute] nouvelle colonie. (p. 518)

À la fin de ce livre, nos deux voyageurs doivent être eux-mêmes désincarnés pour suivre les Constructeurs dans le grand voyage au commencement du temps.

La connaissance

Voilà une espèce qui était déjà immortelle, qui avait conquis une galaxie, qui voulait absorber un univers... Comment pourrait-elle aller plus loin pour satisfaire son ambition ? (p. 528)

Les Constructeurs recherchent essentiellement à accroître leurs connaissances :

L'information — sa collecte, son interprétation et sa sauvegarde — est le but ultime de toute vie intelligente (p. 527).

L'univers n'est pas infini. Et, par là même, il n'est pas suffisant (p. 527).

Certains Constructeurs ne sont pas disposés à accepter cette finitude (p. 528).

Il s'agit pour eux, et pour nos amis qui vont les accompagner d'aller

jusqu'à la frontière au commencement du temps (p. 529).

Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?

Ces questions se posent encore à une civilisation posthumaine très avancée qui, peut-être, s'est donnée les moyens d'y répondre.