Doc:Les vaisseaux du temps (SB) 6. Les vaisseaux du temps

De WikiFiction
Aller à : navigation, rechercher

Stephen Baxter : Vaisseaux du temps (Le Livre de Poche [SF], 2003) - - première édition : 1995

Esprit

Dans le premier chapitre, le narrateur nous décrit sont état d'être désincarné, celui dans lequel il peut accompagner les posthumains dans leur conquête du commencement du temps.

Avant l'espace et le temps, avant qu'on puisse dire avant:

L'univers était infiniment vieux et infiniment étendu (p. 586).

Constat important pour l'entendement scientifique du narrateur qui a du mal à accepter l'idée d'un univers infini.

L'univers infini est lui-même sous le contrôle de l'Esprit :

L'Esprit lui aussi était infiniment vieux. L'Esprit s'était assuré la maîtrise de toute la matière et de toutes les forces, avait emmagasiné une quantité infinie d'information. (p. 586)

Cette quantité infinie d'information ne peut provenir d'un ailleurs de l'Esprit, elle est donc propriété intrinsèque de l'Esprit. Information que les différentes conscientes pourront acquérir avec le temps. Baxter ne le formule pas expressément ainsi mais sa vision platonicienne du monde le laisse deviner.

Sagesse

Je sentis que j'étais enfin sorti de l'obscurité du désespoir évolutif pour entrer dans la lumière de l'infinie sagesse (p. 589).

On peut dire que Baxter se montre plus optimiste que Wells. Le narrateur originel ne parvenait à utiliser son invention que pour constater la dégénérescence de la race posthumaine, soit par l'oisiveté excessive des oppresseurs soit par la misère de la vie souterraine des opprimés, tandis que le nouveau narrateur voulant aller toujours plus loin parvient à l'extase du sage.

Néanmoins, il reste un homme :

Avais-je quitté l'être pour quelque chose qui n'était ni l'être ni le non-être ? (p. 589)

En quelque sorte, le narrateur se montre suffisamment sage pour constater qu'il n'est pas prêt à rester là à profiter de cette sagesse pour l'éternité.

Le paradoxe de la boucle anti-paradoxe

Dans ce tout où il ne pense pas avoir sa place, le narrateur a accès à la multitude des univers et retourne, désormais sans peine, à son époque où, afin de boucler la boucle de sa ligne de temps originelle, il se fait passer auprès de son double jeune pour Gottfried Plattner, l'inconnu qui portait ce nom et donna un jour la plattnérite dont la provenance restait mystérieuse.

Ainsi, il n'y a plus de paradoxe dans un univers donné dans la mesure où on le résout à partir des univers multiples. Le narrateur pourra construire sa machine à explorer le temps parce que, grâce à la machine à explorer le temps, il a pu se procurer le produit clé de sa conception. Toute la première ligne de vie reste parfaitement cohérente.

Il n'en reste pas moins que la cause produit un effet qui devient sa cause.

Aventure

Si cet infini et toutes ces histoires parallèles nous ont donné le vertige et le sentiment que l'homme est peu de chose, la décision du narrateur de repartir à l'aventure nous montre finalement l'importance de chacun et la nécessité de devenir qui l'on est (même si Baxter ne se réfère pas à Nietzsche). Un sage doit méditer dans l'infinité de l'éternité, lui doit se mettre aux commandes de sa machine.